Chapitre 2 : Mort par flagellation
Dans les ténèbres de la Prison Impériale, Shen Zechuan tordait désespérément ses poignets, mais ses mains étaient froides, ses poumons commençaient à le brûler et la corde était si serrée que c’en était futile. Le sac de terre pesait sur sa poitrine. Il avait l’impression d’avoir été jeté dans un puits profond – ses oreilles bourdonnaient et son souffle devenait saccadé, comme s’il était en train de se noyer.
Shen Zechuan posa les yeux sur la lueur des bougies, de l’autre côté des barreaux. Dans le hall, plusieurs membres de la Police Militaire buvaient et criaient tout en jouant aux devinettes, trop occupés pour accorder un seul regard à Shen Zechuan. Le sac de terre le clouait contre la natte de paille rudimentaire, et une nausée étouffante le submergea tel un raz de marée. Sa vision se troubla. Shen Zechuan leva la tête et serra les dents pour bouger ses jambes. Elles avaient été engourdies par la flagellation ; lorsqu’il les leva, il ne sentit rien. Il posa son pied contre le coin gauche du lit en bois, où la vermine avait rongé sa robustesse ; le premier jour, il l’avait endommagé simplement en s’asseyant dessus. Il avait du mal à reprendre son souffle. Shen Zechuan prit appui et frappa le coin pourri de toutes ces forces. Ses jambes étaient si faibles que le lit n’émit même pas un grincement ; les planches n’avaient pas bougé d’un centimètre. Les sueurs froides dégoulinaient dans son dos, mouillant sa chemise.
Il avait tellement envie de vivre. Shen Zechuan gémit avec frénésie ; il se mordit la langue jusqu’à la faire saigner et frappa à nouveau les planches. Le corps mutilé et pratiquement méconnaissable de Ji Mu était tel un coup de fouet contre son dos, l’incitant à continuer.
Il devait vivre.
Shen Zechuan frappa furieusement la planche jusqu’à ce qu’enfin, il entende un bruit sourd. La moitié des lattes s’effondra, et il glissa sur le côté, le lourd sac tombant à côté de lui. Il heurta le sol et haleta comme s’il avait enfin rejoint la surface de l’eau.
Le sol de sa cellule était glacé. Les jambes blessées de Shen Zechuan étaient inutiles, aussi se redressa-t-il sur les coudes. La sueur gouttait le long de l’arête de son nez. Malgré le froid de la prison, son corps brûlait comme si ses entrailles étaient en train de bouillir. Enfin, il baissa la tête, saisi d’un haut-le-cœur.
Shen Wei méritait de mourir.
Il y avait cent vingt mille troupes à Zhongbo, divisées entre les six préfectures afin de former un périmètre de défense. Après la défaite de la Rivière Chashi, la Cavalerie de Biansha avait envahi Dunzhou. Comme l’avait dit l’interrogateur : à ce stade, il y avait encore une chance de renverser la situation. Non seulement Shen Wei possédait-il une armée puissante et bien entraînée, mais il avait des provisions suffisantes et l’autorité nécessaire pour déployer les troupes de garnison dans les trois villes de Duanzhou. Pourtant, à la surprise générale, il avait abandonné la préfecture et s’était réfugié dans le Manoir Princier, à Dunzhou. Cette retraite avait été le prélude à la chute de Zhongbo. La Cavalerie de Biansha avait massacré les trois villes de Duanzhou, après quoi la garnison, dont le moral avait flanché, s’était enfuie au sud dans la panique. Tout le monde avait pensé que Shen Wei prendrait position face aux Douze Tribus de Biansha à Dunzhou – pourtant, il avait repris la route à la seconde où il avait appris leur arrivée. Encore et encore, l’armée de Zhongbo avait battu en retraite, défectueuse, tandis que la Cavalerie de Biansha transperçait le territoire des six préfectures telle une lame d’acier. Elle voyageait léger, se nourrissant des butins de guerre au fur et à mesure qu’elle avançait, jusqu’à se trouver à moins de huit cents li[1] de Qudu, la capitale de l’empire Zhou.
Si Shen Wei avait mis en œuvre une politique de la terre brûlée durant sa retraite et enflammé les greniers à céréales dans les villes qu’il avait abandonnées, il n’y aurait eu aucun reste pour l’ennemi, et la Cavalerie de Biansha n’aurait jamais pu avancer aussi loin. Les envahisseurs ne transportaient aucune provision et comptaient uniquement sur les villes qu’ils conquéraient pour reconstituer leurs stocks. Si les céréales avaient été réduites en cendres, la Cavalerie de Biansha serait morte de faim. Un soldat affamé ne pouvait pas se battre. La Cavalerie Cuirassée de Libei aurait pu saisir cette opportunité, franchir la Rivière de Glace et intercepter la retraite des Tribus de Biansha tandis que les troupes de garnison des cinq commanderies de Qidong condamnaient leur issue depuis la Tour de guet Tianfei. Les cimeterres de Biansha auraient été pris au piège telles des tortues dans une baignoire ; ils n’auraient pas passé l’hiver.
Mais Shen Wei n’avait rien fait de tout ça. Non seulement avait-il abandonné toute résistance, mais il avait abandonné les greniers à céréales, encore intacts. L’ennemi s’était nourri du blé de Da Zhou tandis qu’il rasait les terres de Da Zhou. Grâce à Shen Wei, les chevaux de Biansha avaient été suffisamment nourris pour rassembler les civils et les soldats capturés près de la Rivière Chashi, où les cavaliers les avaient tous massacrés en une seule nuit.
Shen Zechuan s’était échappé de justesse. Maintenant que Qudu voulait régler ses comptes, il allait sans dire que les ordres de déploiement de Shen Wei avaient été étrangement négligents. Tous les signes étaient en faveur d’une alliance avec Biansha. Pourtant, pour échapper au jugement, non seulement Shen Wei s’était immolé, mais il avait également détruit tous les documents pertinents au passage. Même la Police Militaire, célèbre pour l’efficacité de ses investigations, était dans l’impasse. Si l’empereur voulait la vérité, son seul recours était d’obtenir des réponses, à n’importe quel prix, auprès du seul individu qui pouvait encore en détenir : Shen Zhechuan.
Cependant, en terme de rang comme en terme d’âge, le fils d’une danseuse de Duanzhou – le huitième fils de basse extraction de Shen Wei – n’avait pas sa place au sein du clan ; cet homme avait trop de fils. Shen Zechuan avait été envoyé voler de ses propres ailes à Duanzhou plusieurs années auparavant, et Shen Wei avait probablement oublié l’existence de ce fils.
Et, pourtant, quelqu’un voulait le tuer.
De nombreuses personnes voulaient le voir mort, ce n’était pas un secret. Il avait été amené à Qudu pour servir de bouc-émissaire à son père. En tant que dernier membre du Clan Shen de Zhongbo, il était obligé de payer les dettes de son père. Une fois son interrogatoire à la Prison Impériale terminé, il ne faisait aucun doute que l’empereur ordonnerait la mort de Shen Zechuan pour apaiser les âmes des trente mille soldats qui avaient perdu la vie au bord de la Rivière Chashi. Malgré tout, ce n’était pas censé se produire sous la forme d’un assassinat au cœur de la nuit.
Shen Zechuan cracha du sang et s’essuya les lèvres du pouce. Si Shen Wei avait effectivement conspiré avec l’ennemi, alors la mort de Shen Zechuan n’était qu’une question de temps. Pourquoi se donner la peine d’assassiner un fils insignifiant ? Un habitant de la capitale craignait cet interrogatoire – et, si tel était le cas, quelque chose d’autre se cachait derrière la défaite des troupes de Shen Wei.
Mais Shen Zechuan ne savait rien. Il avait un shifu[2] à Duanzhou. Son frère, Ji Mu, était le seul fils de son shifu. Pour Shen Zechuan, Shen Wei n’était rien de plus que le Prince de Jianxing. Shen Zechuan n’avait rien à voir avec lui, et ignorait totalement si Shen Wei avait commis une trahison.
Néanmoins, il devait le nier. Avachi sur le sol glacial de sa cellule, il se sentait encore plus alerte qu’il ne l’avait été au cours de la journée. Il savait être un criminel détenu par la Police Militaire sur ordre d’un décret impérial. Tous les mandats d’arrêt, convocations et documents officiels issus du sommet l’avaient fait directement passer des mains de Xiao Jiming, l’Héritier de Libei, à la Prison Impériale. Ils avaient même court-circuité le Tribunal Commun aux Trois Services Judiciaires : le Ministère de la Justice, la Cour de Contrôle Judiciaire et le Bureau de Surveillance. De toute évidence, l’empereur était déterminé à aller au fond des choses. Qui avait eu l’audace de risquer de le réduire au silence avant que l’empereur n’ait pu compléter son interrogatoire ?
Le vent mordant hurlait à travers la fenêtre. Dans l’obscurité, Shen Zechuan regardait fixement le mur ; il n’osait plus refermer les yeux.
***
L’aube était à peine levée lorsque Shen Zechuan fut ré-escorté dans le hall. Dehors, une tempête de neige faisait rage. Ji Lei, l’interrogateur, avait été d’humeur massacrante, ces derniers jours. Mais à présent, il était tout sourire, posté avec déférence à côté d’un fauteuil en bois et servant du thé avec ses deux mains.
Un vieil eunuque[3] au visage doux et imberbe était assis sur le fauteuil, les yeux clos. Il portait le couvre-chef officiel en velours que les eunuques arboraient en hiver, avec un carré mandarin[4] joliment brodé sur sa tunique – une calebasse en son centre pour marquer la saison. Son manteau était drapé sur ses épaules, et il tenait un ravissant chauffe-main d’or et de jade aux effluves de fleur de prunier. Percevant un mouvement, il ouvrit les yeux et regarda Shen Zechuan.
- Parrain, dit Ji Lei en s’inclinant. Voici l’ignoble descendant du Prince de Jianxing.
Pan Rugui toisa Shen Zechuan.
- Que s’est-il passé, ici ?
Pan Rugui ne demandait pas pourquoi Shen Zechuan était sale et puant, mais pourquoi Ji Lei ne lui avait pas encore tiré les vers du nez. Le front de Ji Lei était couvert de sueur, mais il n’osait pas l’essuyer. Toujours incliné, il répondit :
- Le garçon ne sait rien. Depuis qu’ils l’ont ramené de Zhongbo, il est délirant. Je ne sais pas qui lui a mis cette idée dans la tête, mais il refuse d’avouer.
- Un criminel, selon le décret de Sa Majesté.
Pan Rugui refusa le thé.
- Un enfant d’à peine seize ans, envoyé dans la célèbre Prison Impériale pour être interrogé par votre honorable personne, et vous êtes incapable de lui extorquer des aveux.
La tasse de thé encore à la main, Ji Lei sourit d’un air penaud.
- Son importance est précisément la raison pour laquelle je n’ai pas osé user de méthodes plus violentes sans autorisation. Il était déjà malade lorsqu’il est arrivé. S’il meurt entre nos mains, l’affaire Shen Wei demeura irrésolue.
Pan Rugui scruta Shen Zechuan un instant.
- Nous sommes tous les chiens de notre maître. Il est inutile de garder un chien dont les crocs se sont émoussés. Je sais que vous avez vos propres difficultés, mais cela fait partie de votre devoir. Sa Majesté désire le voir, à présent ; c’est sa façon de faire preuve de considération envers la Police Militaire. De quoi pourriez-vous encore vous plaindre ?
Ji Lei s’empressa de se prosterner.
- Mon Parrain a raison. Ce fils a été châtié comme il se doit.
Pan Rugui ricana.
- Lavez-le. Il ne peut pas se présenter couvert de crasse devant Sa Majesté.
Un domestique emmena Shen Zechuan pour nettoyer et bander ses jambes blessées, puis lui tendit une tenue propre en coton. Il se laissa traîner d’un endroit à un autre ; il souffrait tellement qu’il pouvait à peine marcher, et même monter dans la voiture lui demanda un effort. Tandis que Shen Zechuan s’en allait, Pan Rugui accepta enfin la tasse tendue par Ji Lei. Tout en regardant la voiture s’éloigner, il dit :
- Est-il vraiment le dernier survivant du Clan Shen ?
- Oui. L’unique survivant du Gouffre de Chashi. C’est l’Héritier de Libei en personne qui l’a capturé. Il était détenu dans le chariot à prisonnier de la Cavalerie Cuirassée de Libei pendant tout le trajet et n’a eu aucun contact avec personne d’autre.
Pan Rugui sirota son thé froid. Après un long moment, il gratifia Ji Lei d’un sourire superficiel.
- L’Héritier de Libei est un homme discret.
***
Shen Zechuan descendit de la voiture et laissa les gardes le bousculer le long d’un sentier. La lourde neige lui soufflait au visage, et l’eunuque qui ouvrait la marche se hâta sans se perdre en bavardages inutiles.
Lorsque Pan Rugui arriva devant le Hall Mingli, sa venue avait déjà été annoncée. L’eunuque junior qui patientait sous l’auvent avança d’un pas et prit le manteau de Pan Rugui, l’aida à se débarrasser de son pardessus et s’empara du chauffe-main. Pan Rugui s’inclina devant la porte et dit :
- Votre Majesté, cet humble serviteur a amené le garçon.
Il y eut un silence. Une voix grave et tranquille retentit :
- Faites-le entrer.
Le souffle de Shen Zechuan se coupa, mais ils étaient déjà en train de le traîner à l’intérieur. Bien que de l’encens soit en train de brûler, l’air n’était pas irrespirable. Il entendit des quintes de toux intermittentes et aperçut des pieds alignés de chaque côté du hall. L’Empereur Xiande était vêtu d’une robe de jour bleu nuit qui ne parvenait pas à cacher sa fragilité ; la maladie n’avait cessé de l’accabler durant les trois ans qu’il avait passés sur le trône. Son teint blafard rendait son visage oblong encore plus doux et délicat.
- Ji Lei essaye de le faire parler depuis plusieurs jours.
L’Empereur Xiande jeta un coup d’œil à Ji Lei, qui était agenouillé au fond de la pièce.
- Avez-vous découvert la vérité ?
Ji Lei s’inclina.
- Pour répondre à Sa Majesté, les propos de ce garçon sont incohérents et son récit est incomplet. Rien de ce qu’il a dit ne peut être cru ; tous ses mots sont contradictoires.
- Présentez-moi son témoignage, ordonna l’empereur.
Ji Lei sortit une déclaration écrite du revers de sa tunique et la tendit respectueusement à Pan Rugui, qui à son tour s’empressa d’aller la remettre à l’empereur avec la révérence de rigueur. L’Empereur Xiande la parcourut. Lorsqu’il atteignit la partie concernant le Gouffre de Chashi, il se couvrit la bouche et se mit à tousser. Il refusa de laisser Pan Rugui l’aider ; à la place, il essuya lui-même le sang sur ses lèvres à l’aide d’un mouchoir.
- Trente mille soldats ont perdu la vie dans ce gouffre, dit-il solennellement. Si Shen Wei était encore en vie, il aurait subi la colère du monde entier !
Shen Zechuan ferma les yeux tandis que son cœur commençait à tambouriner ; il savait déjà ce qui l’attendait.
- Levez la tête !
Son souffle s’accéléra. Ses paumes, posées sur le sol, étaient engourdies. Shen Zechuan leva lentement la tête, les yeux soigneusement rivés aux bottes de l’Empereur Xiande. L’empereur baissa les yeux vers lui.
- En tant que fils de Shen Wei et unique survivant du Gouffre de Chashi, qu’avez-vous à dire ?
Le coin des yeux de Shen Zechuan rougit. Il fut secoué par un sanglot silencieux.
L’expression de l’empereur demeura de marbre.
- Parlez !
Lorsque Shen Zechuan leva la tête, des larmes coulèrent sur ses joues. Il leva brièvement les yeux, puis s’inclina à nouveau, ses épaules tremblant tandis que les sanglots montaient dans sa gorge.
- Votre Majesté, Votre Majesté ! Mon père était loyal envers la nation et les habitants de Zhongbo. Il avait trop honte pour leur faire face après ses défaites sur le champ de bataille. C’est pourquoi il s’est immolé par le feu – pour expier ses péchés !
- Quelle absurdité ! aboya l’empereur. S’il était loyal envers sa nation, pourquoi a-t-il battu en retraite, encore et encore ?
La voix de Shen Zechuan était rendue rauque par les larmes.
- Mon père a envoyé tous ses fils sur le champ de bataille. Mon frère aîné, Shen Zhouji, a été torturé à mort par le cavalier de Biansha qui l’a traîné derrière son cheval le long de la route de Chashi ! Si sa loyauté n’était pas sans faille, pourquoi risquer la vie de son propre héritier ?
- Vous osez parler de Chashi ! Shen Zhouji a fui la ligne de front. Son crime est impardonnable !
Shen Zechuan leva les yeux vers l’empereur, ses larmes dessinant des traînées sur ses joues.
- La bataille de Chashi a été un bain de sang, croassa-t-il. Mon frère aîné a beau être incompétent, il a défendu Chashi pendant trois jours. Durant ces trois jours, des informations vitales ont pu parvenir jusqu’à Qidong et Libei. Sans ces trois jours…
Il était tellement submergé par l’émotion qu’il ne put continuer. L’empereur relut la déclaration qu’il avait dans les mains. Le hall était silencieux, à l’exception des sanglots de Shen Zechuan. Durant ce silence interminable, Shen Zechuan enfonça ses ongles dans sa chair. Tout à coup, l’empereur poussa un profond soupir.
- Shen Wei a-t-il conspiré avec l’ennemi ?
- Jamais, dit Shen Zechuan d’une voix déterminée.
L’empereur reposa la déclaration et annonça d’une voix devenue glaciale :
- Ce garçon sournois essaye de tromper son souverain. Il ne peut être autorisé à vivre. Pan Rugui – faites-le flageller à mort devant la Porte Duancheng.
- Oui, Votre Majesté !
Pan Rugui s’inclina instantanément et se retira.
Shen Zechuan se glaça, comme s’il avait été aspergé avec une bassine d’eau gelée. Il pouvait bien se débattre de toutes ses forces, c’était inutile ; les gardes lui couvrirent la bouche tandis qu’ils le traînaient hors du Hall Mingli.
[1] Equivaut à 400 km.
[2] Terme utilisé pour s’adresse à un maître martial ou un professeur.
[3] Durant la dynastie Ming, la castration permettait d’obtenir un emploi au service impérial, ce qui conférait parfois aux eunuques un pouvoir immense dépassant celui du premier ministre.
[4] Le carré mandarin était un large insigne brodé, cousu sur les vêtements des mandarins de la Chine impériale. Il comportait des représentations d’animaux ou de plantes très colorées qui indiquaient le rang du dignitaire qui le portait.
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