Chapitre 60 : Entraves

 

 

 

- Le début du printemps approchant, de nombreuses affaires ennuyeuses ont fait leur apparition. Nous devons discuter d’un plan, aujourd’hui. Nous ne pourrons pas nous revoir de sitôt si tu t’en vas maintenant, dit Xiao Chiye. Alors repose-toi ici, cette nuit.

Shen Zechuan sourit et dit :

- Pas de galipettes.

La façon dont il prononça ces mots était mélodieuse, avec une touche de grivoiserie sensuelle sur le bout de sa langue. Ses yeux suscitaient nettement des vagues de luxure ; même les doigts qu’il avait arrachés à son emprise en prononçant ces mots tiraient sur les cordes du désir, l’attisant.

Quel homme détestable, songea Xiao Chiye en regardant intensément Shen Zechuan. C’était vraiment un sale type. Il n’avait de cesse de repousser ses limites de plus en plus minces à chaque seconde et piétinait son endurance avec ruse et naïveté, comme s’il se penchait à côté de son oreille et l’incitait à « venir jouer avec moi ». La queue de ce pécheur de renard lui chatouillait les jambes, les yeux pleins de malice.

- Les affaires sérieuses, dit Xiao Chiye en fermant la fenêtre, doivent être discutées avec sérieux.

 

***

 

- Demain matin, prépare un rapport concernant les fosses publiques, et je l’apporterai à Sa Majesté.

Xiao Chiye s’allongea sur le fauteuil en rotin et ramassa la robe qui avait glissé sur le sol. Un par un, il posa les objets contenus dans la poche de la manche sur une étagère.

- Tu ne peux pas faire ça.

Shen Zechuan, qui trempait dans l’eau du bain, dit après y avoir réfléchi :

- Tu es le Gouverneur Général de l’Armée Impériale, tu ne t’occupes ni des procédures officielles des travaux publics, ni des plaintes des gens du peuple. Cela ne te concerne pas. Si tu soumets un rapport sans raison, tu attiras assurément les soupçons.

- Alors amène-le. Tu vis là-bas, alors il ne serait pas étrange que tu en fasses part. J’écrirai une note pour aller avec en tant que superviseur adjoint, dit Xiao Chiye en prenant un éventail en ivoire. Pourquoi est-ce que tu en as un en ivoire ?

Les lettrés, qui gardaient des objets d’élégance dans leurs manches et aimaient se croire distingués et sophistiqués, considéraient l’ivoire et l’ébène comme des plus vulgaires. Ainsi, les descendants des clans nobles ne portaient jamais des éventails faits de bois de santal ou d’ivoire sur eux lorsqu’ils sortaient, qu’importe qu’ils possèdent la culture des classiques ou non. La plupart se servaient d’éventails en bambou moso, ornés de calligraphies réalisées par de célèbres calligraphes.

- Pour m’amuser, dit Shen Zechuan. Un objet aussi peu raffiné me va à ravir.

Il était resté dans le Temple Zhao Zui pendant cinq ans, aussi ne pouvait-il pas entreprendre de passe-temps littéraires avec les nobles descendants. Il devait rester un rustre roturier qui snobait la culture et feignait le raffinement. C’était la seule situation appropriée. Ainsi, en plus de l’éventail en ivoire qu’il portait toujours sur lui, il avait acheté le pendentif en jade qui avait l’air le plus onéreux pour le suspendre à sa taille.

Ayant terminé de fouiller la poche de la manche de Shen Zechuan, Xiao Chiye réalisa qu’ils étaient diamétralement opposés. Les préférences de Xiao Chiye semblaient nettement distinguées de l’extérieur. Pourtant, si quelqu’un se donnait la peine de creuser plus profondément, il se rendrait compte que ces distinctions étaient plutôt troubles. La plupart des activités qui semblaient lui plaire pouvaient être oubliées à la seconde où il fermait les yeux ; il n’y en avait aucune qui lui tenait réellement à cœur. Au contraire, les affaires louches auxquelles il semblait s’adonner pour s’en sortir étaient le résultat de sa sueur et de son sang. Il n’avait pas de plat favori, tout comme il n’avait pas de vin favori. Tout ce qu’on pouvait dire lorsque le sujet était mis sur la table, c’est que « le Second Jeune Maître adore boire ». Mais qu’est-ce que le Second Jeune Maître adorait boire, exactement ? Personne ne le savait vraiment.

Pour sa part, Shen Zechuan ne semblait avoir aucune préférence et pouvait adhérer à n’importe quoi. Mais, si vous tâtonniez un petit peu, vous étiez capable d’avoir un aperçu de ce qu’il aimait et n’aimait pas. Il n’aimait pas le thé fort et amer ; une gorgée, et il n’y toucherait pas une seconde fois. Il adorait manger du poisson. Du moment qu’il était au bon endroit et que personne ne le regardait, il pouvait désosser le poisson aussi proprement et soigneusement qu’un chat. Xiao Chiye trouvait cela amusant.

C’était comme s’il avait vu les points faibles de Shen Zechuan. La taille de Shen Zechuan. Le dos de Shen Zechuan. Les omoplates de Shen Zechuan. Il pouvait tous les reconnaître, même les yeux fermés.

Quel fanfaron, songea Xiao Chiye, les yeux baissés, tandis qu’il tenait ses vêtements.

Il pouvait intimider une personne d’un simple regard. Mais, après quelques étreintes, Xiao Chiye pouvait sentir la joie et la colère derrière chacune de ses douces paroles et flatteries. Il était comme la lune reflétée dans la flaque d’eau, cette nuit-là, où une petite provocation ne semblait pas à même de déclencher de trop grosses vagues. Mais, en vérité, il avait déjà apposé une marque noire sur vous dans son livre et profiterait de la prochaine opportunité pour vous rendre coup pour coup.

Shen Zechuan sortit, sa robe drapée autour de ses épaules. Ses cheveux étaient encore humides. Tournant la tête, il vit Xiao Chiye assis sur son fauteuil, jouant avec son éventail en ivoire. Ses propres vêtements étaient soigneusement suspendus sur le côté.

- Nous n’avons pas fini de discuter, dit Xiao Chiye en se levant. Bois ta soupe de gingembre et assieds-toi pour parler.

Xiao Chiye tendit la main pour soulever les rideaux, mais Xiao Chiye le devança et le souleva avec l’éventail. Les deux hommes sortirent. La plupart des lumières de la chambre intérieure étaient déjà éteintes, une seule lanterne vitrée étant encore allumée. Shen Zechuan avait un petit peu chaud. Après avoir avalé un bol de soupe de gingembre, il se sentit mieux. Bien qu’il n’ait pas eu de souci durant la journée, il avait des vertiges et la tête lourde.

- Xi Hongxuan a été transféré au Ministère des Revenus. L’évaluation des fonctionnaires est pour bientôt, et il est au Bureau de Surveillance, dit Xiao Chiye. Cela va interférer avec l’évaluation des fonctionnaires de l’inspection. Est-ce que c’est toi qui as eu cette idée pour lui ?

Shen Zechuan secoua la tête, la soupe de gingembre toujours dans sa bouche. Après l’avoir avalée, il dit :

- Ce doit être l’idée de Xue Xiuzhuo.

- J’ai des hommes au Ministère des Rites et au Ministère de la Guerre. S’ils doivent être transférés à cause de l’évaluation, dit Xiao Chiye en le regardant, nos pertes excéderont grandement nos gains.

Shen Zechuan acquiesça et dit :

- Ce n’est pas une chose qui doit trop nous inquiéter. A part les liens par alliance entre le Vice Ministre du Ministère des Rites, Jiang Xu, et le Général Adjoint, Zhao Hui – les autres n’attirent pas trop l’attention. Et je ne vois pas comment Xue Xiuzhuo pourrait t’examiner de manière approfondie. Laisse les autres poursuivre leurs affaires comme d’habitude. Par ailleurs, les inspections et les évaluations ne seront pas menées par un seul clan. L’Aîné du Secrétariat Hai enverra également ses hommes. Xi Hongxuan n’osera pas agir trop ouvertement.

- Cette fois, l’inspection concerne Zhongbo. Il y a quelques temps, la tempête de neige a fait pleuvoir des malheurs sur Zhongbo ; en tout, environ dix personnes sont mortes les unes après les autres. Hai Liangyi devrait y envoyer des fonctionnaires, cette année, afin de rectifier le problème, dit Xiao Chiye.

- Zhongbo, dit Shen Zechuan en y repensant. Zhongbo… n’est pas facile à gérer, en ce moment. S’ils envoient un fonctionnaire littéraire, il n’est pas garanti qu’il tienne bon face aux bandits, ou qu’il soit capable de commander les troupes de garnison fraîchement déployées. Un véritable plan doit être mis au point pour cet endroit ; même l’Aîné du Secrétariat Hai va devoir s’en inquiéter.

- Pour le moment, il n’y a aucun candidat convenable à Qudu. Cela reste négociable, tant que celui qui y sera assigné ne provient pas d’un clan noble. Cizhou a la mainmise sur la Piste de Ravitaillement Nord-est ; cela causerait des ennuis si Cizhou venait à tomber entre leurs mains. On a besoin d’un plan pour les jours pluvieux… un plan pour les jours pluvieux.

Xiao Chiye adoucit sa voix lorsqu’il vit le visage épuisé de Shen Zechuan.

Après sa promotion, Shen Zechuan avait accompli des missions à droite et à gauche. La nuit, il devait souvent se rendre au Pavillon Ouhua et socialiser avec Xi Hongxuan, qui avait de belles jouvencelles à chaque bras et un poste sans trop d’obligations. Et, comme il écrivait des mélodies pour Li Jianheng, il n’avait même pas besoin d’assister aux audiences du matin ; il avait plein de temps pour se reposer. Mais, chaque jour, Shen Zechuan devait monter la garde devant l’Empereur avec sa lame. Il ne dormait pas la nuit et, la journée, il devait même s’occuper d’artisans militaires de toute sorte. Il était encore plus occupé lorsqu’il était en service, si bien qu’il n’avait pas toujours l’occasion de prendre ses repas.

Il n’avait même pas le temps de se soucier de sa résidence dans la Rue Donglong, qui était privée de luminosité en raison du blocage causé par les bords toujours plus saillants des avant-toits de ses voisins. Ce n’était que la veille qu’il avait réalisé que sa cour était déjà inondée. La literie de sa maison était tellement humide qu’il ne pouvait pas y dormir. Il avait pu envoyer Qiao Tianya au Temple Zhao Zui pour qu’il réside avec son shifu et son professeur. Mais lui-même n’en avait pas la liberté. Il semblait encore plus mince, désormais – inutile de discuter de reprendre du poids après le nouvel an.

Xiao Chiye l’observa un long moment, puis tendit la main par-dessus la petite table pour caresser la joue de Shen Zechuan. Cette joue était loin d’être « un peu chaude » – elle était incroyablement brûlante. Aucun traitement n’avait encore été appliqué sur les plaques sur son cou. Xiao Chiye voulut l’appeler mais, en même temps, il n’avait pas le cœur à le faire. Mais sa caresse réveilla Shen Zechuan. Shen Zechuan s’efforça de recouvrer ses esprits et dit :

- … Hein-hein, on a besoin d’un plan pour les joues pluvieux. Le Prince Héritier…

Avant qu’il ne puisse terminer sa phrase, Xiao Chiye s’était déjà penché vers lui. Les bras de Xiao Chiye étaient fort et robustes, et il pouvait porter Shen Zechuan sans effort. Le bol sur la table fut renversé, et Xiao Chiye se servit de sa jambe pour le repousser tout en disant de manière paisible et insouciante :

- Ce Second Jeune Maître va t’emmener dans la chambre nuptiale.

Shen Zechuan essuya la sueur sur son front et se laissa aller contre lui en disant :

- A-t-on déjà fini de discuter des affaires sérieuses ?

- On a fini, dit Xiao Chiye en le plaquant contre son dos. Et, à présent, il est temps de rembourser ta dette.

Après avoir dit cela, il se pencha en avant pour allonger Shen Zechuan sur le lit. Shen Zechuan protégea son visage de la lumière avec sa main et dit dans un souffle :

- Pas de lumières.

- Je te vois mieux s’il y a un peu de lumière.

Xiao Chiye dévêtit Shen Zechuan dans cette position. La poitrine de Shen Zechuan était exposée, et il sentit soudain une froideur sur sa nuque. Il regarda Xiao Chiye à travers l’espace entre ses doigts. Xiao Chiye enfonça ses doigts dans l’onguent et l’appliqua sur ses plaques. C’était comme s’il huilait un morceau de jade. Plus il l’appliquait, plus il semblait lisse. Il était si doux que le cœur de Xiao Chiye était au bord de la perte de contrôle. Il n’avait vraiment pas l’étoffe d’un gentleman.

- D’ici quelques instants, je vais devoir t’attacher, afin que tu ne roules pas partout. Autrement, l’onguent aura été appliqué en vain.

Xiao Chiye referma la boîte à onguent et prit un mouchoir pour essuyer lentement ses doigts tandis qu’il s’asseyait sur le bord du lit. Il dit sur le ton de l’auto-dérision :

- Tu es la seule personne que ce Second Jeune Maître ait jamais servie de sa vie.

Shen Zechuan se glissa sous les draps et tourna la tête sur le côté pour dormir. Xiao Chiye resta assis un instant avant de se lever pour éteindre la dernière lampe. Le matelas s’enfonça lorsque Xiao Chiye enlaça la taille de Shen Zechuan par derrière et le tira du bord du lit pour le tenir captif au creux de ses bras.

- Je t’ai attaché, dit Xiao Chiye. Si tu oses me mettre un coup de pied, je te mets à la porte.

Les yeux ouverts, Shen Zechuan regardait la fenêtre à travers laquelle une lune brumeuse brillait. Ses mains glacées touchèrent les poignets de Xiao Chiye, qui le maintenaient en place.

- Tu es si dur, dit-il.

- Hein-hein.

Après un moment de silence, Xiao Chiye dit :

- Je te conseille de ne pas t’aventurer plus bas.

Shen Zechuan le toléra un instant avant de dire :

- Je parlais du laissez-passer à ta taille.

- Est-ce vraiment le laissez-passer ?

Xiao Chiye inclina légèrement la tête sur le côté et l’enfouit contre l’oreille de Shen Zechuan. Il répéta :

- Est-ce vraiment le laissez-passer ?

Ses mots brûlèrent Shen Zechuan.

- Tu ne supportes pas quand je te mords les oreilles, dit Xiao Chiye, et tu commences à trembler quand je te pose quelques questions. Comment oses-tu te moquer de moi en m’accusant de manquer de pratique au lit alors que c’est tout ce que tu es capable de supporter ?

Shen Zechuan se redonna contenance un moment avant de dire :

- Alors pourquoi n’essayerions-nous pas de changer de position ?

Xiao Chiye se redressa et aida Shen Zechuan à s’assoir sur lui. Il écarta ses mains et s’esclaffa.

- Enlève mes vêtements ou défaits ma ceinture, dit Xiao Chiye. Fais comme tu veux.

Il était impossible de savoir si Shen Zechuan était trop malade ou trop fiévreux, mais son souffle était irrégulier, et il n’était pas aussi calme qu’à l’accoutumée. Il dit doucement :

- Ce soir…

Shen Zechuan n’avait pas encore fini sa phrase lorsque Xiao Chiye s’empara de l’arrière de sa tête pour l’embrasser férocement et guida sa main vers sa zone sensible. Shen Zechuan recula. Xiao Chiye se moqua de lui jusqu’à ce que Shen Zechuan se sente indigné et commence à se débattre. Xiao Chiye se retourna brusquement et le plaqua une fois de plus sous son corps. Le lit émit un grincement, et le matelas s’enfonça. Il faisait si chaud que les paumes de Shen Zechuan transpiraient.

La température de Xiao Chiye était brûlante. Shen Zechuan détestait la chaleur ardente, mais il semblait n’avoir nulle part où s’enfuir ; pourtant, d’un autre côté, il semblait lui rester un peu de place pour manœuvrer. Ils s’adonnèrent à ce jeu d’échec semblable à un labyrinthe complexe, gagnant un moment de répit dans cette illusion de dépendance mutuelle dont ils s’emparaient dans les affres de la passion et de l’intimité. Après s’être profondément abandonnés au plaisir, le sentiment d’extase les poussa à continuer. De doux murmures, ivres de désir, résonnèrent à leurs oreilles. Bien que Shen Zechuan déteste cette chaleur abrutissante, il repoussait Xiao Chiye tout en l’attirant contre lui.

Xiao Chiye déchira ses vêtements et se pressa contre le dos de Shen Zechuan. Comme Xiao Chiye en avait rêvé lorsqu’il était assis dans le fauteuil en rotin, il ne manqua pas un seul centimètre carré de Shen Zechuan. Il domina cet homme, usant délibérément de sa propre odeur pour le soumettre. Shen Zechuan enroula ses bras autour du cou de Xiao Chiye et le mordit. Les deux hommes blottirent le bout de leurs nez l’un contre l’autre, forgeant une fois de plus une extraordinaire intimité en cet instant de folie et de débauche.

- Tu es cinglé, dit Xiao Chiye en l’embrassant.

Ces torrents de morsures qui ressemblaient à des tempêtes furieuses se transformèrent progressivement en tendres baisers, et la douceur des lèvres et des langues fit tomber toutes leurs défenses. C’est sous ces murmures intermittents que le cinglé s’endormit. Xiao Chiye caressa la joue de Shen Zechuan avec son pouce et se redressa légèrement. Shen Zechuan serrait encore une mèche de cheveux de Xiao Chiye entre ses doigts, tout en dormant profondément. Xiao Chiye baissa la tête et le scruta. En cet instant, de nombreuses pensées lui parcoururent l’esprit.

Le désir est une entrave.

A cet instant, Xiao Chiye invita Zuo Qianqiu à Qudu. Dans le simple but de poser une question à son shifu.

Le désir peut-il être conquis ?

Mais, au final, il ne posa pas sa question. Car il savait déjà que c’était une question à laquelle Zuo Qianqiu n’avait pas de réponse ; le seul qui pouvait y répondre était Xiao Chiye lui-même. De nombreuses personnes avaient dit qu’il était né au mauvais moment, mais il faisait déjà partie de ce monde. Le désir qu’il possédait n’était pas de sa faute.

Il n’était qu’un simple humain. Son nom était Xiao Chiye.

Il semblait être diamétralement opposé à Shen Zechuan et, pourtant, il semblait également complètement similaire. La seule personne dans ce monde qui pouvait comprendre l’intégralité de la douleur et de la souffrance de Xiao Chiye sans qu’un mot ne soit prononcé était Shen Zechuan. Et c’était une chose dont ils avaient parfaitement conscience depuis leur tout premier baiser.

Xiao Chiye embrassa Shen Zechuan entre les sourcils et sur l’arête de son nez.

Qu’importe quel nom on donnait à ce sentiment. Ils s’étaient mutuellement revendiqués l’un l’autre, se rapprochant progressivement à travers leurs déboires. Le puits de leur désir était sans fond, et l’abîme de souffrance insurmontable. Se presser l’un contre l’autre, oreille contre oreille, tempe contre tempe, était un moyen d’atténuer leur agonie. Mais cette technique devenait trop addictive, comme s’ils pouvaient soulager leurs souffrances mutuelles – simplement en se tenant à côté de l’autre.

Après cet accès de plaisir insatiable, ils avaient commencé d’un accord tacite à faire tomber leur carapace et révéler leur véritable nature. Le ravin du passé était devenu une flaque ; comme si tout ce qu’il fallait était un petit bond ou une main secourable pour la franchir et redevenir soi.

Xiao Chiye embrassa à nouveau Shen Zechuan et, dans son sommeil, Shen Zechuan resserra son emprise sur les petites nattes de Xiao Chiye. Sous la brise fraîche, des ondes effacèrent la lune blanche dans la flaque d’eau, tandis que le Tombeur et le Joli cœur passaient la nuit blottis sous la couverture du clair de lune.

 

 

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